Attention danger
Cette sale histoire suit la
même séquence que l’affaire Trayvon Martin: on se souvient que les médias s’étaient
immédiatement emparés de l’affaire pour brosser la scène larmoyante d’un tendre enfant lâchement abattu par un suprémaciste blanc : il s’avèrera
ensuite que le jeune Trayvon était en réalité une racaille qui cherchait à
agresser Zimmerman, qui d’ailleurs n’était pas du tout blanc mais plutôt sud-américain,
et qui avait agi en état de légitime défense dans un quartier où les agressions à l’arme
blanche étaient monnaie courante.
Mais cela les médias ne le mentionneront plus qu’en passant, discrètement, sans
jamais démentir ou regretter leur hystérie des premiers jours, leurs effrénés
jappements de chiens toujours à l’affut d’une affaire raciale à exploiter jusqu’à
la moelle.
Même dynamique à
Charlottesville : la presse se jette la gueule affolée sur un scénario
manichéen, aboyant aux « néonazis », qui auraient délibérément
précipité une voiture dans la foule des innocents et honnêtes antifas. La
vérité, comme toujours, se révèlera plus nuancée, mais cela n’aura guère d’importance. La presse choisi son camp, et elle le choisi bien.
Ainsi de ce journaliste qui explique, en substance, que ce que dit Trump est très grave, que mettre sur le même pied alt-right et extrême gauche est absolument inacceptable, un amalgame inexcusable, d'autant plus que l’ « alt-left », ça n’existe pas, voyez-vous, la preuve on
trouve parmi les antifas de Charlottesville toutes sortes de gens, des
anarchistes quelque peu pittoresques avec leurs battes de base-ball, certes, mais aussi de braves citoyens, il ne faut pas mettre tous
les manifestants dans le même sac, etc.
C’est sans doute à fait
vrai, mais le problème est qu’à aucun moment la presse ne pense à
appliquer les mêmes vertus de discernement et de nuance à ceux d’en face,
systématiquement qualifiés de « néonazis » et de « suprémacistes
blancs », sans daigner considérer à un seul moment que l’on puisse s’opposer au
déboulonnage d’une statue du général Lee sans être automatiquement d’extrême
droite.
Ce biais, cette
systématique et résolue inclination haineuse qui penche toujours du même côté,
toujours vindicative et demandeuse de compte aux seuls blancs, toujours prompte à
l’amalgame et à la grossièreté quand il s’agit de blancs qui veulent
défendre les tombes de leurs pères, et toujours infinie de
délicatesse et de nuance et de « attention pas d’amalgame » et de
tolérance et d’excuses quand il s’agit de l’autre camp ; ce biais est
l’une des caractéristiques les plus frappantes de la presse américaine de notre temps, et par extension de la presse européenne, qui, comme dans
l’affaire Trayvon Martin, régurgite sans réfléchir ce qui s'écrit outre-Atlantique.
Mais le plus frappant
est que ce biais bien connu et aisément constatable des médias s’est frayé un chemin en
nous. C’est une de ses plus grandes réussites : faire en sorte que
nous-mêmes ne laissions aucun bénéfice du doute à ceux qui mènent, maladroitement, un combat perdu d'avance pour sauver leurs temples et leurs cimetières. Au contraire, nous nous hâtons de les condamner, de les repousser
loin de nous, nous répétons sans discuter tous les amalgames, les insultes,
les accusations que la presse jette à leur face, alors pourtant que leurs
temples sont aussi les nôtres, que cette mémoire qu’ils défendent est en grande
partie la nôtre, et que cela devrait normalement nous inciter à un minimum de
bienveillance envers eux. Or c'est exactement le contraire qui se produit. "Minés
par la lâche hantise du politically correct, éberlués par un flot de
pseudo-informations qui donnent l'illusion d'une modification permanente
des catégories de
l'existence (on ne peut plus penser ce qui était pensé il y a dix, cent ou
mille ans)" (Houellebecq), nous n'avons d'autre souci que de communier dans l'universelle indignation, bien attentifs à diriger notre réprobation dans la direction pointée par les médias, quand bien même cette direction est toujours celle de nos frères, c'est-à-dire de nous-mêmes.
Un ami s’étonne que soit une statue du général Lee qui soit menacée, faisant remarquer qu’il n’y a pourtant pas grand-chose à reprocher à ce brave Robert E. Lee,
modèle de modération et de chevalerie, ni raciste ni esclavagiste, recteur de
l’Université de Virginie après la guerre, entouré du respect unanime de ses
ennemis.
C'est oublier que cette campagne de "renaming" et de démontage de monuments qui fait rage partout à travers les Etats-Unis ne vise pas à effacer le racisme ou
l’esclavagisme : elle cherche à effacer l’Histoire américaine.
Je pèse mes mots : ce que veulent les antifas et leurs alliés, c'est effacer ce qui leur est étranger dans l’Histoire de l’Amérique, c'est-à-dire à peu près tout ce qu'on y trouve de positif : les Pères Fondateurs et leur rêve d’une « City on the Hill », la vertu civique et la foi chrétienne comme piliers de la cité, l’esprit des pionniers, la civilisation raffinée et chevaleresque du Sud: en somme, les forces de l'esprit qui ont construit l'Amérique et se sont ensuite entre-massacrées dans la guerre de Sécession. Lee n’est pas visé parce qu’il était spécialement raciste ou esclavagiste : il est visé parce que depuis sa mort en 1870 il jouit d’une popularité immense tant au Nord qu’au Sud : réclamer la damnatio memoriae du plus populaire, du moins controversé des généraux sudistes n’est pas une erreur des fossoyeurs de l’Histoire américaine. C’est au contraire délibéré.
Cette gigantesque et virulente entreprise de damnatio memoriae
est appelée à se poursuivre. Elle ne
s’arrêtera pas par miracle quand la dernière statue de général confédéré
aura été évacuée de l'espace public : elle a déjà frappé le président Andrew Jackson,
expulsé des billets de 20 dollars au profit d’une obscure activiste
afro-américaine dont personne n’a jamais entendu parlé. Personne n'est réellement à l'abri. Jefferson, longtemps
considéré comme inattaquable en tant que Père fondateur est désormais sur la sellette : il évoque par trop une image de
gentleman propriétaire du good old south qui ne peut survivre
longtemps dans l’Amérique d’aujourd’hui. Teddy Roosevelt, qui est tout de même
un peu trop énergique, un peu trop vigoureux pour l’époque d’aujourd’hui, et qui de surcroît a dit des méchantes choses sur les immigrés, devrait suivre.
Une popularité qui dépasse les frontières
A rebours de
l’hostilité de principe que nous sommes censés ressentir, j’éprouve a priori de
la sympathie pour des gens qui se rallient à la défense d'une statue menacée
d’enlèvement. Des gens qui mettent en péril leur boulot, leur quiétude, leur
situation sociale pour défendre la mémoire d’un homme mort il y a près d’un
siècle et demi me paraissent mériter à tout le moins une certaine
bienveillance. Et quand bien même ce seraient des « néonazis » (il faudrait d'ailleurs que l'on m'explique ce que la presse entend par "néonazi"), quand bien même ce seraient de
frustes et grossiers Américains gavés à l’huile de palme, quand bien
même ce seraient d’éructant rednecks affolés de trumpisme, ils font ce que
nous n’osons pas faire, ce que pourtant nous devrions faire : défendre nos
cimetières.
« Je défends mon cimetière. J'ai abandonné toutes les autres positions ».
La phrase fulgurante de Barrès prend ici tout son sens. La dissolution de notre cher
vieux Occident, « the passing of the
great race », s’opère ainsi sous nos yeux, en d’atroces et grotesques
convulsions semblables à des querelles de trisomiques, rixes confuses et
barbares sur le sol de nos cimetières, au pied de nos statues, sur les marches
de nos temples, dérisoires combats d’arrière-garde autour des ruines d’une
civilisation engloutie dans un désert de centres commerciaux, de barres d’immeuble
et de ronds-points qui ne mènent nulle part.
Question: Imagine-t-on une statue de ML King ou de Malcolm X déboulonée en place publique sans provoquer la moindre protestation des Black Lives Matters ou des antifas ?
RépondreSupprimerComme disait mon paternel, qui lui-même le tenait de ma grand-mère, "ça fait manger les journalistes".
Superbe phrase de Barrès. N'est-ce pas lui qui disait "Les morts gouvernent les vivants"? Ainsi, le simple déclin démographique ne suffit pas, il faut tuer les morts. Laver le passé.
Je crois que le plus difficile est le sapage moral accompagnant cette pénible mort, le sentiment de ne plus avoir aucune ressources mentales pour faire front. Il suffit de voir le traitement par tous les "late night show" américains, c'est écoeurant. Stephen Colbert, Jimmy Kimmel, Jimmy Fallon, John Oliver, Bill Maher, Samantha Bee, Seth Myers, Trevor Noah, et telle autre marionnette afro-américanisée de CNN...jetez-y un oeil si vous êtes assez aventureux. L'illétrisme de Trump et son emprise sommaire sur le vocabulaire n'a eu de cesse de nourrir tous ces charognards.
Non Monsieur Razine...on n'a pas le temps pour la vérité. La connaître deux mois plus tard c'est trop tard.
PS: la mairesse de Baltimore (ville East Coast à majorité noire) a fait enlever fissa et en toute discrétion la statue du Sudiste. Ca risquait d'offenser...
les k.k. girls : elles n'auront pas notre haine !!
RépondreSupprimerça change des nuisettes vulgos et des voilées intégrale, hein
Curieux que le déboulonnage de Lee n'ait pas été tenté durant la mandature d'Obama.
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